Un hommage à Florent Vollant ravive le souvenir de Kashtin
- Jean-Guy Gougeon
- 3 avr.
- 4 min de lecture
2025.04.03
Jean-Guy Gougeon
L’hommage rendu à l’artiste innu Florent Vollant fin mars, par une floppée d’artistes et de personnalités québécoises à Montréal, rapporte Radio-Canada a ravivé dans l’imaginaire les belles années du groupe Kashtin, fondé par Florent Vollant et son «alter égo» Claude McKenzie. Le groupe a fait fureur durant les années quatre-vingt, tant sur la scène québécoise, canadienne que sur les plateaux internationaux.
Kashtin est un populaire duo montagnais formé des auteurs-compositeurs-interprètes et guitaristes Florent Vollant (né en août 1959 à Mani-utenam, près de Sept-Îles et Claude McKenzie (né en mars 1967 à Schefferville). Kashtin signifie «tornade» en Innu-aimun, une langue montagnaise. Le premier album du duo, Kashtin (1989), a remporté des trophées Félix en 1990 pour le meilleur premier album et pour l’album country-folk de l’année.
Claude McKenzie et Florent Vollant commencent à chanter ensemble en 1984 et ils se produisent au festival Innu Nikamu de Mani-utenam, ainsi que pour d’autres communautés autochtones de la Basse-Côte-Nord du fleuve Saint-Laurent. Le premier album Kashtin, qui se vend à plus de 200 000 exemplaires à l’échelle internationale, comprend les succès québécois «E Uassiuian» (aussi connu comme «Mon enfance» ou «My Childhood»), «Tipatshimun» («Chanson du diable» ou «Song of the devil»), et «Tshinanu» («Nous autres» ou «Ourselves»). Cette dernière chanson a été décrite comme étant un hymne innu. Toutes les chansons sont chantées en langue innu-aimun; certaines chansons ont des titres en français et en anglais pour faciliter leur présentation à la radio et à la télévision (pour les vidéoclips).
En 1990, l’album Kashtin reçoit les trophées Félix du meilleur premier album et du meilleur album de country-folk. Un deuxième album, Innu, lancé à la fin de 1991, comprend une chanson en anglais, «Song of the Sun», écrite par Willie Dunn. L’album Innu reçoit des nominations pour les prix Juno du meilleur enregistrement World Beat et du meilleur album Roots & Traditional. L’album suivant de Kashtin, Akua Tuta (1994), reçoit une nomination pour le prix Juno du meilleur enregistrement de musique autochtone.
Les chansons de Kashtin, dans le style country ou folk contemporain, sont caractérisées par des refrains simples mais fougueux, et elles sont chantées avec des harmonies gutturales sur des rythmes vigoureux de guitare acoustique. Accompagnés par un petit groupe instrumental, Florent Vollant et Claude McKenzie effectuent de nombreuses tournées au Québec, et le groupe participe aux cérémonies de la fête du Canada sur la Colline du Parlement à Ottawa en 1989, et à Harbour front à Toronto en 1990. En 1989, le duo fait ses débuts en France, et il y retourne une quinzaine de fois jusqu’en 1991, entre autres pour des engagements de cinq spectacles à Paris, au Théâtre de la Ville, et à La Cigale, et dans le cadre des tournées des Gipsy Kings (auxquels le duo est comparé) et de Daniel Lanois. Avec ce dernier, le duo donne également des concerts en Belgique et en Suisse. Kashtin fait ses débuts aux États-Unis en 1990, au New Music Seminar de New York.
Un hommage
À concert exceptionnel, arrivée exceptionnelle. Au son des tambours du groupe atikamekw de Manawan Black Bear, des dizaines de personnes ont suivi Florent Vollant, en fauteuil roulant depuis son hémorragie cérébrale en avril 2021, sur quelques centaines de mètres sur la rue Sainte-Catherine jusqu’à son arrivée au Club Soda à Montréal ces jours derniers.
Des dizaines de personnes s'étaient réunies pour avancer vers le Club Soda avec en tête leur idole, Florent Vollant.
Ministres, membres de Premières Nations ayant fait des centaines de kilomètres pour être là ou amoureux du chanteur, plusieurs personnes se sont approchées pour le saluer avant qu’il n’entre dans la salle de spectacle, déjà bien remplie et purifiée avec de la sauge auparavant.
Le spectacle, à guichet fermé, était annoncé en grosses lettres, ce que n’a pas oublié de montrer Mathieu McKenzie à son père pour lui rappeler le chemin parcouru depuis les années 80 où la carrière de Florent Vollant a décollé avec son duo Kashtin, formé avec Claude McKenzie.
Juste avant le début du concert, au premier rang, Florent Vollant a fait part de son appréhension, lui qui est plutôt habitué à être sur la scène. «C’est la première fois qu’on fait un tel événement pour moi, et c’est la première fois que je vois ça», a-t-il expliqué à Espaces autochtones, en regardant les artistes se préparer à prendre le micro.
En guise de cadeau pour son père, Mathieu McKenzie a initié le projet et invité des amis autochtones et allochtones à participer à cette grande fête musicale, où toutes les pièces ont été chantées en innu-aimun.
D’ailleurs, s’il y a un mot à retenir pour ce concert, c’est «mamuitun» qui signifie rassemblement.
Pendant deux heures, sur scène comme dans la salle, autochtones et allochtones ont uni leurs voix sur les paroles de l’auteur-compositeur originaire de Mani-utenam, qui a marqué l’histoire de la musique autochtone.
Mathieu McKenzie a réussi à rejoindre une vingtaine d’artistes dont Vincent Vallières, Hauterive (Mara Tremblay et Catherine Durand) , Shauit, Marc Déry, Elisapie, Dumas, Scott Pien Picard, la famille Côté, Louis-Jean Cormier, etc., qui se retrouvent sur l'album «Nikamutau» Florent Vollant.
«Certains n’étaient pas nés – ou à peine – quand Kashtin jouait dans les foyers, mais Florent Vollant a pourtant fait partie de leur vie, un lien avec leur culture et leur langue, même quand ils étaient à l’étranger» comme l’a raconté le nouveau chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, Francis Verreault-Paul.
L’âge les ayant rattrapés, les deux artistes ont abondamment réduit leurs activités professionnelles mais demeurent toujours dans cette Côte-Nord qui les a vus naître.
Photos:
A) Florent Vollant, le rassembleur, est venu sur scène à la fin et a été accueilli avec des applaudissements nourris. Photos: Radio-Canada / Marie-Laure Josselin
B) Florent Vollant et Claude McKenzie, au cours des belles années de Kashtin. Photo-Capture d’écran


Kommentare